Blogue Fondation des artistes : Pas de culture sans artistes
On entend souvent dire que le talent abonde au Québec. Véritable vitrine de notre culture collective, la création québécoise se distingue par son inventivité et sa diversité. Elle mérite assurément de rayonner à grande échelle!
Mais derrière les toiles que l’on admire, les pièces qui nous font rire et les concerts qui nous émeuvent, tout n’est pas si rose…

«On a consulté toutes les associations d’artistes en arts vivants à la suite des réponses aux demandes de subventions […] et on a constaté que parmi les artistes qui n’ont pas été financés ou qui ont été sous-financés, personne n’a annulé son projet. Les artistes n’ont pas été payés ou se sont endettés», déplorait récemment Tania Kontoyanni, présidente de l’Union des artistes (UDA) et vice-présidente de La Fondation des artistes, dans le quotidien La Presse. «La culture, c’est structurel pour un peuple […] C’est un des piliers essentiels.»
Les médias et la population s’intéressent de plus en plus à la période difficile que traversent nos précieux artistes québécois. Conditions de travail précaires, stress et problèmes de santé mentale, perte de contrats, de sens et de motivation: nos artistes souffrent d’un manque criant de ressources.
Heureusement, depuis 40 ans, la Fondation des artistes offre une aide financière ponctuelle aux artistes professionnels du milieu des arts qui traversent une période précaire.
Derrière les rideaux clos
«S’il n’y a pas d’artistes, il n’y a pas d’art», martèle Hélène Côté, directrice générale de La Fondation des artistes. «Depuis la pandémie, les artistes ne sont plus en petite détresse: ils sont en grande détresse.»
La preuve, ce sont des artistes de tous les secteurs qui ont frappé à notre porte depuis le début de l’année. Majoritairement travailleurs autonomes et évoluant sans filet social, ils ont été aux premières loges de l’impact financier de la crise sanitaire, une situation laissant encore des traces aujourd’hui.
Chiffres et témoignages à l’appui, un nombre grandissant d’artistes professionnels vivent dans la précarité, qu’elle soit économique ou psychosociale. Location de salles de répétition, achat et location de matériel et d’équipement (chaussons pour danser, pinceaux, pellicules photographiques, instruments de musique, matériel audiovisuel, etc.)… les dépenses s’accumulent, particulièrement en cette période d’inflation.
En parallèle, de nombreux artistes n’ont pas de filet social. Que faire en cas de blessure, de grossesse, d’invalidité pour problèmes de santé physique ou mentale?
Cette instabilité, doublée du manque de financement public, crée un désarroi manifeste chez de nombreux professionnels du milieu des arts.
Malgré la résilience et la persévérance dont font preuve nos talentueux artistes, certains se voient dans l’obligation de quitter le domaine dans lequel ils ont étudié et se sont investis corps et âme, faute de ressources. Cette perte de talents est déchirante et représente un coup dur pour l’écosystème artistique et culturel du Québec.
Si bon nombre de citoyens affirment adorer la culture, il faut toutefois prendre conscience de la triste réalité des artistes et artisans derrière nos œuvres préférées. En effet, moins de 10% des artistes parviennent à vivre confortablement de leur art; la majorité se retrouve dans une situation précaire. Le revenu moyen des artistes au Québec est de 20 787$ par an, soit 4500$ de moins qu’un travailleur au salaire minimum.
En outre, selon de nouvelles données révélées par La Presse, «si nous écartons le 1% des artistes qui gagnent 200 000$ ou plus, nous dégringolons à un revenu moyen de 16 911$, soit 15 000$ en dessous du seuil de la pauvreté…»
Nous sommes là pour les soutenir afin que l’art continue de briller au Québec.
Un filet social unique
«Nous comblons l’absence de filet social afin que les artistes puissent travailler dans des conditions qui leur permettent de créer, de nous toucher, de nous divertir», explique Hélène Côté.
De sa création en 1984 jusqu’à environ 2019, la Fondation des artistes avait l’habitude de verser de 30 à 40 dons par année, principalement à des artistes en fin de carrière. Aujourd’hui, ce sont 40 à 50 demandes d’aide par mois qui sont reçues par notre équipe.
Ces demandes viennent d’artistes de tous horizons, de tous âges et à différents stades de leur carrière.
C’est par l’intermédiaire de ces dons et de notre programme de soutien psychosocial que nous appuyons concrètement les professionnels du milieu des arts qui en font la demande. Malheureusement, en raison du manque de financement, ces programmes ne peuvent être maintenus.
«On oublie souvent que pour nous offrir des œuvres touchantes et de qualité, les artistes doivent s’entraîner, répéter, écrire, composer. Ces longues heures de travail ne sont pas rémunérées et ne garantissent pas l’obtention d’un cachet», poursuit Hélène Côté, préoccupée, avant de rappeler que la Fondation des artistes est le seul organisme au Québec qui offre un semblant de filet social aux artistes.
Simon Brault, qui a travaillé pour l’École nationale de théâtre du Canada et l’organisme Culture Montréal, a récemment consacré un chapitre entier de son livre Et si l’art pouvait changer le monde? à la précarité des artistes, ce qui a permis d’attirer l’attention sur cet enjeu de société fondamental.
L’auteur, qui est directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada depuis 2014, estime que «les artistes méritent d’être libres et d’avoir des conditions qui leur permettent de créer». Il ajoute qu’au Canada, «le seul secteur de la société qui ne jouit pas encore d’un minimum de filet social est celui des arts et de la culture.»
Ensemble pour nos artistes
Montréal est reconnue comme une ville d’art et de culture. Pour maintenir ce précieux statut, il est essentiel de valoriser nos espaces culturels, mais aussi de garantir aux artistes des conditions de travail qui leur permettent de créer.
Comme le confirme la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, l’inflation frappe fort. Le coût de location des salles, les équipements et les salaires des professionnels ont augmenté, mais les ressources financières peinent à suivre. Souvent, il ne reste presque rien pour les artistes.
Rappelons qu’en soutenant notre mission, vous aidez directement les artistes qui, à leur tour, nous font vivre des moments inoubliables.
L’an dernier, nous avons soutenu de nombreux artistes à hauteur de 1,3 million de dollars en dons. Les retombées sur leur vie personnelle et professionnelle sont inestimables.
À propos de la Fondation des artistes
La Fondation des artistes du Québec est un organisme sans but lucratif qui procure une aide financière ponctuelle aux artistes d’ici et de toutes les disciplines. Elle permet aux artistes professionnels de vivre dignement et de pratiquer leur métier choisit. Soutenir la Fondation, c’est jouer un premier rôle au sein d’une communauté fortement mobilisée ayant à cœur la culture d’ici.
Pour les demandes des médias, veuillez contacter :
Evelyne Boisvert, Gestionnaire du développement philanthropique et des communications, eboisvert@fondationdesartistes.ca